Si Tiffany Bouelle était un film, elle serait « Catch me if you can ».
Toujours en mouvement, elle semble avide de nouvelles expériences artistiques. Suivre son compte Instagram est un plaisir non seulement parce qu’on y voit ses œuvres mais aussi parce que chaque post crée la surprise. Tiffany aime jouer avec son image et aime aller là où ceux qui essaient de la suivre ne l’attendent pas. Son terrain d’expression est multiple. On croit savoir que ce qui la définit, c’est le bleu, celui que certains appellent déjà le bleu Bouelle… et puis, finalement non, on s’aperçoit qu’elle sait aussi quitter le bleu pour s’exprimer à travers un trait d’or ou un froissé noir. On la croit peintre. On la découvre militante féministe. Mais qui est donc Tiffany Bouelle ?
La clef est sans doute dans sa double origine. Tiffany est franco-japonaise. Elle vit en France et c’est clairement le socle de son existence, mais ses origines japonaises lui donnent envie d’explorer. Son premier terrain d’exploration est la technique car Tiffany se sent encore jeune artiste en quête permanente de découverte et d’amélioration technique.
Tiffany est née créative, entourée d’artistes, elle a commencé une vie professionnelle de styliste. Elle a fait ses premiers pas chez Hermès et Issey Miyake puis dans des magazines de mode. Pendant toutes ses années, elle dessinait. C’était une vie de rêve mais il lui manquait quelque chose. Elle avait besoin d’exprimer davantage, de sortir du travail de l’apparence pour explorer les sentiments et les émotions : « J’aime la beauté qui ne se révèle pas immédiatement, retirer le vernis, retirer la peau. »
Le succès est arrivé très vite. Dès la première année, son travail personnel et sa signature bleue ont été remarqués ; les demandes de collaboration ont afflué. Après un voyage en Inde – toujours l’exploration, elle a commencé à avoir des projets avec LVMH. Depuis, les demandes n’ont pas cessé. Lorsqu’on lui demande si toutes ces collaborations ne sont pas épuisantes, elle dit qu’au contraire, elle puise son énergie dans tous ces endroits, par toutes ces rencontres. Elle aime travailler en équipe, apprendre des savoir-faire des autres. On sent également sa reconnaissance. Plusieurs fois, on l’entend dire – « Les gens me font confiance » alors elle dit oui.
On pourrait croire que Tiffany risque de s’égarer dans cette succession de projets extérieurs, mais, en parallèle, elle affirme de plus en plus son travail personnel, en particulier autour des femmes. Elle consacre son temps à l’exploration de leur vulnérabilité, de leur intimité. Tiffany rencontre des femmes qu’elle ne connaît pas et qui lui livrent un fragment de vie qu’elles n’ont jamais raconté, un secret. Tiffany libère le secret par la peinture. Parfois ce travail porte des douleurs mais la libération apporte du mieux-être. Tiffany en est heureuse pour ces femmes qui souvent reviennent voir les œuvres. La mise en lumière, même du plus sombre, apporte de la beauté. Ces œuvres portent sans nul doute une grande densité.
Participer au projet Les MétamorFoses a été une évidence pour Tiffany. Elle a toujours utilisé des matériaux recyclés et l’upcycling fait partie de son art. Ce qui l’a particulièrement séduite, c’était la possibilité de travailler avec des artisans d’art, de collaborer avec eux pour explorer un nouveau monde artistique : sortir de la toile pour passer au volume.
Pour Les MétamorFoses, elle a donc exploré un art qu’elle n’avait pas encore abordé – la sculpture et elle s’est plongée dans le kabuki, théâtre japonais ancestral. Alors que le kabuki est toujours joué par des hommes, Tiffany Bouelle a décidé de revenir à ses origines, lorsque les femmes étaient les personnages kabuki. De cette revendication, elle a imaginé une sculpture paravent aux longues formes féminines qui, en laissant passer la lumière, créent un spectacle mouvant. Pour la réalisation, elle a travaillé avec deux artisans d’art d’exception, Ludovic Avenel ébéniste d’art qui a réalisé la structure en bois dessinée par Tiffany et Anaïs Jarnoux, tapissière qui a gainé cette structure. Tiffany a fait un travail d’ornement magnifique de la sculpture à partir de tissus nobles mais imparfaits provenant des soiries Veraseta, des toiles de Thevenon et des cachemire de Bina.
La sculpture Kabuki, pièce d’art unique sera visible à partir du 9 juin dans l’église Saint Martin des champs au musée des Arts et Métiers avec les autres œuvres de la Collection Les MétamorFoses.
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