Sublimer les imperfections
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Thierry Konarzewski

Thierry porte un regard unique sur le monde. 

Photographe et sculpteur, il a développé depuis 20 ans un travail sur les déchets abandonnés dans la nature. 

Thierry ne regarde pas les déchets avec le même regard que les autres. Il dit avec évidence : les déchets ont une âme. Ils sont d’une dangereuse beauté et ils nous survivront. 

Pour lui, son travail n’est pas un acte militant. C’est une quête qui mêle les énergies contraires : le rebut et le beau, la mort et la vie, l’ordinaire et le sacré.

Lorsqu’on cherche à comprendre et entrer dans son imaginaire, on est vite plongé dans un univers où la magie prend une grande place. Thierry raconte son enfance, au Bénin. Il parle de ces moments où, petit, il partait avec son frère dans un village où le chamanisme était coutumier. C’est le souvenir qu’il en a ou qu’il s’est forgé et cela lui insuffle un sens à sa quête : voir le sens caché des choses.

Bien sûr, Thierry a eu une vie dans la société. Il a même agi au cœur de la société de consommation en étant Directeur artistique dans la publicité. Il a travaillé pour des marques, pour des entreprises. Il est aussi parti vivre et travailler au Maroc. Il a été entrepreneur. De toutes ces expériences de vie, il a affûté son regard.

Mais sa vie semble avoir vraiment commencé lorsqu’il a découvert un grand rocher au milieu de la Méditerranée. C’est une île génoise baptisée San Pietro, sanctuaire à ses yeux, proche de la belle île de Sardaigne. Découverte avant lui par son épouse, Emanuela, il en a fait sa maison et, surtout, il y a intensifié son rapport à la nature. Il a passé moins de temps à Paris. Il a commencé à vivre le choc de l’hiver sur l’île. Il a observé. Son univers photographique est vraiment né là-bas.

La reconnaissance est venue quelques années plus tard lorsque les enjeux de la planète, le développement durable ont mis en lumière ceux qui montraient les déchets. On a vu ses photos dans le Prix Pictet, à Milan ou à Arles. 

Nous l’avons approché pour Les MétamorFoses car nous étions intéressées par son regard unique, chargé de sens, presque poétique sur les déchets mais nous n’étions pas sûres que Thierry aimerait créer en dehors de la photographie. 

Il a accepté car le défi l’a intéressé. Il a aimé se lancer dans la création d’une œuvre avec ces matières imparfaites que, d’ordinaire, il aurait juste photographiées. Il a aimé concevoir et, surtout, il a adoré réaliser cette œuvre à plusieurs mains avec des artisans : Emilie Martin, orfèvre d’exception, les artisans d’art talentueux de la manufacture Philippe Hurel et ceux de l’Atelier d’Offart, Maison qui perpétue le savoir-faire des papiers peints à la planche des grandes manufactures du 18eme et du 19eme siècle. 

Son œuvre s’appelle Brocéliande. On peut dire que c’est un coffre, Thierry préfère évoquer un temple ou un écrin. Merveilleuse à l’extérieur grâce à un ramage de pièces récupérées chez Christofle, Brocéliande est aussi un trésor à l’intérieur. Thierry raconte alors que Brocéliande est l’île des druides. Le ramage telle une forêt protège ce qui est caché et qu’il faudra découvrir. Thierry nous emmène dans son univers magique. Il est séduisant de s’y plonger.