Sublimer les imperfections
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Ghizlane Sahli

L’une de nos artistes est une virtuose de l’upcycling. Elle s’appelle Ghizlane Sahli. Elle est Marocaine. Elle est une de nos plus belles rencontres. 

 

Nous avons découvert son travail chez Artcurial alors que nous étions invitées par notre amie, Nelly Wandji, qui y présentait une magnifique Collection d’art et de métiers d’art africains. Ghizlane y était présente avec une sculpture organique et onirique. Nous avons d’abord admiré l’œuvre pour sa beauté. Puis nous avons compris que Ghislane intégrait l’upcycling au cœur de son travail. Alors nous l’avons rencontrée et nous l’avons convaincue de participer à la première Collection des MétamorFoses.

Ghizlane est une fabuleuse narratrice. Lorsqu’elle nous raconte sa vie, ses désirs, son exploration artistique, on est captivé. Après des études d’architecture à Paris, elle est rentrée à Marrakech. Fascinée par les textiles, elle crée son atelier et imagine des vêtements pour enfants. Le succès arrive très vite. Mais Ghizlane ne se reconnaît pas dans cette soudaine visibilité et ce succès commercial. C’est alors que la demande d’une amie change le cours de sa vie. Il s’agit de développer un vêtement avec des matériaux recyclés. Ghizlane récupère pailles, bidons et autres bouts de plastique. Sa robe a été choisie et, surtout, cela a été le début d’une révélation artistique qui commencera en 2014 lors de la biennale d’art contemporain de Marrakech. Ghizlane crée avec des proches un collectif – le Zbel manifesto (Zbel veut dire déchet en arabe). A l’occasion de la biennale, le collectif crée une immense installation qui aura une visibilité incroyable dans le monde entier.

Ghizlane commence alors son travail artistique personnel. Elle imagine une rencontre qui deviendra sa signature : celle des déchets avec les fils de soie. Le déchet principal, reproduit des dizaines de fois, sera une bouteille en plastique dont la découpe crée une alvéole. « Chaque déchet est comme une cellule qui vient avec l’énergie de sa vie antérieure ».  Avec ses merveilleuses brodeuses de la medina, Ghizlane recouvre alors ces alvéoles, y accroche des fils puis les noue à une matrice en comptant les nœuds tel un mantra. Chaque œuvre est une naissance. Pour Ghizlane, transformer la matière, passer du déchet à la beauté est une quête spirituelle.

Ghizlane a tout de suite aimé le projet des MétamorFoses car il lui apporte de nouvelles matières vouées à la destruction et permet une rencontre inédite avec son propre travail. Ghizlane a choisi les soies Veraseta, les dentelles Jean Bracq, les laines de la Manufacture de Cogolin, les fils de Bergère de France, les parchemins Dumas.

Pour Les MétamorFoses, Ghizlane a voulu s’exprimer sur le corps de la femme, sur son intimité. Utiliser son art pour célébrer le corps de la femme est devenu une mission qu’elle a commencée en montant une exposition avec les femmes de Ouagadougou. « Je ne suis pas féministe. Je suis féminine. Une femme est libre si elle peut disposer de son corps comme elle l’entend. »